L'actualité de la crise: la confusion comme unique stratégie, par François Leclerc

Billet invité.

LA CONFUSION COMME UNIQUE STRATEGIE

On ne comptait plus, hier mercredi, les confidences, communiqués et déclarations ou bien les rencontres, déjeuners, téléconférences et appels téléphoniques, étourdi par la fébrilité dont ils témoignent et impressionné par le peu de résultat qui en ressort. Seuls les mails, les SMS et les tweets n’auront pas pu être comptabilisés, les spectateurs de cette cohue débordés. Cette journée aura été l’occasion d’une sorte de mouvement brownien de conciliabules, à propos de la crise de la zone euro ; ainsi que de la Grèce, par qui le malheur est arrivé pour y avoir été appelé avec légèreté, et du soutien qui va devoir lui être accordé, après avoir sur tous les tons juré que l’on ne s’y laisserait pas prendre.

Il faudra attendre le sommet informel de demain, et peut-être même au-delà, pour connaître les mesures de soutien qui seront finalement décidées, car il semble que l’accouchement soit difficile et que seule une déclaration politique européenne, ronflante mais symbolique, soit pour l’instant au programme, un recours au FMI n’étant même pas exclu. Pour le reste, les formules à l’étude sont connues (pour l’essentiel des aides bilatérales, sauf surprise), mais leur mise au point tarde, sans que l’on soit certain qu’elle va être obtenue au finish. On se croirait revenu au temps de ces sommets bruxellois portant sur la taille des mailles des filets de la pêche au maquereau.

Sans doute est-il trop tôt pour épiloguer, alors que le dernier acte n’est pas encore écrit. Mais comment ne pas s’interroger sur les raisons de cette précipitation brouillonne de dernière heure, venant après des jours et des jours de surplace, avant que n’intervienne un tournant à 180 degrés ? Sur les difficultés rencontrées à se mettre d’accord ? Sur l’image d’improvisation que donne cette situation ? Les gouvernements européens, décidément, ne vont pas sortir grandis de cette aventure. Pour s’y être engagés sans discernement et pour tenter de la conclure si confusément.

De premières constatations peuvent cependant être tirées, sans attendre. En premier lieu, les gouvernements de la zone euro ont été les jouets des marchés, fondés à se croire tout permis, seuls des seconds couteaux se risquant à les mettre en cause. Comme s’il était définitivement acquis que, tel une sorte de pouvoir surnaturel, ceux-ci ne pouvaient être dénoncés, ne pouvant être combattus. Exprimant une démission idéologique, politique et morale, ou bien une totale connivence, au choix. Les marchés, disent leurs adorateurs, ont toujours raison. A vaincre sans péril, ils viennent de triompher. Certes sans gloire, mais non sans plus-values.

En second, que ces mêmes marchés anonymes ne sont évidement pas guidés par des pulsions d’ordre psychologique, mais qu’ils sont tout au contraire de froids calculateurs et de vilains raisonneurs. La preuve en a été donnée par le soulagement subitement intervenu sur le marché de la dette souveraine grecque, anticipant des mesures européennes de soutien sifflant la fin de la récréation, dès lors qu’il est apparu vraisemblable qu’elles allaient intervenir. Car elles étaient susceptibles d’infliger des revers de fortune aux spéculateurs qui n’auraient pas sauté du train à temps.

En troisième lieu, cette crise dans la crise – qui n’est pas terminée – a permis de constater à quel point les systèmes bancaires étaient interconnectés entre eux et fragiles, comment le sort d’un pays pouvait rejaillir sur les autres. Que le sort de chaque pays, aussi, était lié à celui de ses banques et réciproquement. Celles-ci étant gavées de titres de la dette publique achetés avec les liquidités de la banque centrale et risquant gros si elles venaient à perdre leur valeur. On a parlé de l’offensive qui menaçait l’Espagne, mais l’on a peu entendu, dans le charivari d’aujourd’hui, Mervyn King, gouverneur de la Banque d’Angleterre, énumérer tout ce qui différencie le Royaume-Uni de ce pays, comme si cela n’allait pas strictement de soi, dans le but de stopper une dangereuse contagion. Quant aux Allemands, qui ont été à la manoeuvre pour enfoncer la Grèce, puis pour lui tendre une main intéressée, ils ont dû se rendre à l’évidence qu’ils allaient finir par se brûler les doigts à leur propre jeu.

Que va-t-il rester du test qui a été engagé avec la Grèce ? La journée de demain ne sera pas de trop pour tenter de lui redonner tout l’écho que l’on en attendait. De communiquer sur la rigueur qui s’abat sur la Grèce et, grâce à un audacieux raisonnement tordant le cou à ce qui s’est passé, de s’appesantir sur ce que l’on risque à ne pas vouloir s’y résoudre. Le tout enveloppé dans l’un de ces nouveaux plans européens, encore moins crédible aujourd’hui que le précédent ne l’a été (La stratégie de Lisbonne). Mais demain sera un autre jour. Il faudra aussi vérifier sur les écrans que les spéculateurs sont allés se coucher après avoir entendu une belle histoire.

Les gouvernements européens n’ont décidément pas la main heureuse ces derniers temps. Afin de disculper le gouvernement français, mis en cause par le rapport 2009 de la Cour des comptes qui lui attribuait une responsabilité dans l’augmentation du déficit public (passé en un an de 3,4 à 7,9% du PIB), le ministre du budget a lundi soir dernier répliqué que celle-ci était « en totalité » le résultat de la crise. Comment ne pas en tirer la conclusion qui s’impose dans ces conditions ? Que c’est aux responsables de la crise de payer en totalité pour les dégâts qu’ils ont commis, et qu’il n’est pas fondé de toucher à la santé, aux retraites et aux programmes sociaux. Quand on cherche à trop démontrer…

105 réponses sur “L'actualité de la crise: la confusion comme unique stratégie, par François Leclerc”

  1. Confusion des états mais permanence des marchés … qui les couvrent encore!

    Citi plans crisis derivatives … in the event of a financial crisis.
    Credit specialists at Citi are considering launching the first derivatives intended to pay out in the event of a financial crisis. The firm has drawn up plans for a tradable liquidity index, known as the CLX, on which products could be structured that allow buyers to hedge a spike in funding costs.
    http://www.risk.net/risk-magazine/news/1590861/citi-plans-crisis-derivatives

    Voilà ce qui va rester du test engagé avec la Grèce. Merci la City.

  2. Une question:

    Si les états européens vendaient des CDS portant sur la dette de la Grece , cela ne serait il pas un signe fort de soutien ainsi qu’un risque accru pour les spéculateurs ?

  3. Trichet préfère abandonner la Grèce plutôt que voir sa dette souveraine menacer la Zone euro

    « Les PIIGS doivent 2 000 milliards de dollars, qui devront peut-être être restructurés. Oui, cher lecteur, le problème de la dette souveraine est considérable — bien plus considérable que celui de Bear Stearns, Lehman Bros et AIG. Mais le plus gros cas de tous — les Etats-Unis — a cinq fois plus de dette souveraine que tous les PIIGS pris ensemble.
    Les investisseurs ne mettront pas longtemps à comprendre qu’il n’y a pas beaucoup de différence entre les finances grecques et celles des Etats-Unis. Elles ont toutes deux la même quantité de dette et un déficit de la même taille, par rapport au PIB. La grande différence, c’est que les Etats-Unis contrôlent la devise dans laquelle leur dette est calibrée. Ce n’est pas le cas de la Grèce. Ni de la Californie.
    […]
    Bien sûr que les obligations américaines vont perdre leur notation AAA. La seule question sérieuse est de savoir quand. »
    (Bill Bonner)

  4. RTBF – La 1ère, jeudi 11 février à 10h, Tout autre chose : Objecteurs de croissance

    Depuis le 18 octobre 2009, le Mouvement Politique des Objecteurs de Croissance est officiel: 400 personnes se sont rassemblées pour lancer ce mouvement d’un genre radicalement nouveau en Belgique. Son objectif : contribuer activement à l’émergence d’une société solidaire, soutenable, heureuse et la plus libre possible.

    Son projet : la relocalisation de l’économie, l’autonomie alimentaire et énergétique, une économie du réparable et du recyclable, la lutte contre tous les gaspillages, le partage équitable des richesses etc… Pour en parler, Martine Cornil reçoit Christian Arnsperger, Dr. En sciences économiques à l’UCL et maître de recherche au FNRS ainsi que Jean-Baptiste Godinot porte-parole du Mouvement Politique des Objecteurs de Croissance.

    1. …n’est-il pas temps de redécouvrir la sagesse de l’escargot qui limite
      de lui-même la construction de sa coquille dès lors que celle-ci a
      atteint une taille optimale?

      La sagesse de l’escargot , Michèle Gilkinet

      In L’escargot Journal du Mouvement politique
      des Objecteurs de Croissance décembre 2009 / nº 1

      De nombreux reproches peuvent être adressés aux principes sur lesquels repose le mouvement prônant la « décroissance » et en particulier sa désespérance très heideggérienne quant à la condition humaine, désespérance négatrice de l’inventivité et de la résilience de l’espèce, mais le mouvement a le mérite incontestable d’attirer l’attention sur la voie de garage sur laquelle celle-ci s’est engagée dans un monde par définition limité et dont elle découvre aujourd’hui douloureusement les bornes que cette limitation pose à son ambition.

      Paul Jorion, L’argent, p.280

      Décolonisons l’imaginaire affectif de l’escargot ( 😉 ) !

      Lors d’un – Matin de France Culture-, un certain Pascal Lamy demandait aux sciences humaines de l’éclairer sur les pulsions prédatrices sous-jacentes à la sophistication apparente de nos économies. La considération du rôle des affects par l’establishment surprend d’autant plus, que sur le bord opposé, le terme de « décroissants » colle aux semelles des « objecteurs de croissance », ils accumulent en effet les acrobaties lexicales destinées à gommer la tonalité « dépressive » initiale. De la flamboyance toute récente de l’« adécroissance » d’Attali, à la conversion des résonnances involontaires attachées à l’acronyme du « Mpoc » – Mouvement politique des objecteurs de croissance – , suivie de sa progressive conversion en « AdOCAdoc » > – Alternative de l’objection de croissance –(suggéré par Arnsperger), > -Association des objecteurs de Croissance – , c’est toujours le même travail de ravaudage dans la présentation des affects involontaires. Tout se passe comme si, malgré la radicalité retrouvée sur des objectifs de liberté d’égalité et de fraternité, les décroissants étaient quelque peu gênés d’abandonner Prométhée.

      Les temps ne s’annoncent pourtant « pas drôle », aussi la décroissance risque-t-elle de converger « naturellement » vers une réorganisation économique dirigée par les mêmes et volontairement frugale pour tous, ce qui même pénible ne serait pas bien grave, au regard de la perte de sens que l’espèce humaine attacherait à sa destinée. Les Européens, désormais sortis de l’histoire, peuvent-ils rêver mieux que l’élargissement et la perpétuation de la paix bien heureuse des cantons suisses ? Cette orientation « terminale » n’est-elle pas en quelque sorte programmée par les affects sous-jacents de renoncement et de culpabilité et de ressentiment devant l’échec ? L’amertume engendrée par la perte du sentiment de sécurité attaché au rêve de croissance perpétuelle sera-t-il mis au service d’un nouvel ordre de domination régressif ? Ou bien faut-il espérer que la pauvreté conceptuelle des temps qui viennent n’oblige la raison à percer l’opercule secrété par la peur de tout perdre ?

      PS. Adoc marque bien sa différence avec les Éco tartuffes, genre Hulot et Yann Arthus-Bertrand.

    2. Le problème des escargots… c’est que c’est bien dans l’intérêt de ces prédateurs de leur faire croire qu’ils sont la solution.

      D’accord pour les escargots, mais pas sans une défense efficace contre les prédateurs.

      Moi, ce que je répète un jour et l’autre aux escargots potentiels… c’est comment ils vont défendre leur petit potager et leurs poulets bio le jour ou il ne restera plus rien à manger dans les grandes cités et les bandes d’affamés marauderont style Mad Max ou Waterworld… la, ils comprendront que leur seul idéalisme myope n’est pas assez.

  5. http://lesaffaires.com/videos/chroniques/crise-grece-speculateurs-et-nous/509911

    La limitation de l’effet de levier comme parade aux nuisances spéculatives des institutions « too big to fail » ?

    Dans le milieu de la Video, le commentateur esquisse l’anomalie consistant a prendre position sur un marché ou
    vous n’êtes pas partie prenante pour spéculer (créer un risque supplementaire qui n existait pas, puisque lorsque le prix des obligations baisse, ils accourent pour les acheter).

    Se peut il que Paul Jorion soit entendu chez les spécialistes ?

    1. « Nous partîmes cinq cents; mais par un prompt renfort
      Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port,
      Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,
      Les plus épouvantés reprenaient de courage ! »

    2. Fréquentation. Distribution par pays (à la date d’aujourd’hui) :

      France : 176.141
      Belgique : 13.523
      Suisse : 4.026
      Canada : 3.561
      Allemagne : 2.054
      Grande-Bretagne : 1.836
      États-Unis : 1.693
      Pays-Bas : 1.110
      Etc.
      Total : 216.364

  6. François Leclerc écrit : « Quant aux Allemands, qui ont été à la manoeuvre pour enfoncer la Grèce, … »

    Je suis en désaccord avec cette phrase.

    Ce sont les dirigeants politiques grecs qui enfoncent la Grèce depuis 20 ans.

    Ce sont les dirigeants politiques grecs depuis 20 ans qui ont conduit la Grèce au fond du trou.

    Ce sont eux les responsables de ce qui est en train d’arriver à la Grèce.

    1. Quand il s’agira de constater la dévalorisation des revenus français, espagnols, italiens, allemands, britanniques, etc. (disons moins 20% dans le futur immédiat ou à court terme), direz-vous la même chose de nos dirigeants politiques respectifs? La Grèce est un pays fiscalement folklorique, ça ne fait pas de doute. Mais la dette des autres pays, quelle qu’en soit la cause, résulte-t-elle de politiques tellement plus sages que celle de la Grèce? En France, nous avons environ 160 milliards d’euros par an de niches fiscales, par exemple.

      Vous êtes donc favorables à la « rigueur » et à l’austérité comme solution de la crise de la dette souveraine? On en reparlera bientôt, soyez-en sûr! En attendant les attaques contre les Etats-Unis…

    1. Fort bien, Paul. Votre influence grandit, et je m’en réjouis! Mais quand je vais au marché dans mon bled, je crois bien être le seul à parler votre langage (interdiction de spéculer sur les variations de prix, etc.). On m’écoute poliment. Ca ne va pas plus loin.

    2. Être à l’écoute, c’est déjà vous reconnaître le droit au chapitre, mais,
      et aussi, se réserver en son for intérieur, celui d’y repenser par soi-même.

      En ces temps où les mensonges et les entourloupes prolifèrent en lieu et place
      de discours officiels, un point de vue différent sonne toujours particulièrement aux oreilles,
      même si, sur le fait, il n’y parait rien.

    3. A Jaycib
      Il ne faut pas espérer que, dans un délai humainement prévisible, votre maraîcher maitrise les fondements de l’économie financière. Mais quand 50% des manipulateurs de symboles (les intellos ou la « volaille qui fait l’opinion » selon les goûts…) auront compris et accepté de dire que le système actuel nous mène dans le mur, le reste suivra.
      Je constate que depuis 1 an ou 6 mois, des journalistes économiques (d’abord les plus honnêtes) revoient en profondeur leur analyses. Le renfort n’est peut-être pas aussi prompts que vous le souhaiteriez mais on se sent quand même de moins en moins seuls, non?

    4. Ca bouge de plus en plus, ce qui s’échangeait sur ce blog de manière feutrée, bien que connu par les milieux autorisés me semble t’il, fait tâche d’huile, à entendre Joseph Stiglitz sur Canal hier on croyait entendre du Paul Jorion dans le texte.
      Qui va capitaliser au mieux ?

  7. Nous sommes revenus à la vieille Europe de Papa. Dans l’adversité, l’axe Germano-Français est reconstitué. Et ce n’est pas une bonne nouvelle pour la réalité de la vie des gens, parce que l’indécision quant’à l’interventionnisme vis à vis de la toute puissante exagération des financiers n’est pas près de trouver une solution.

    En France, le parti ou l’alliance actuellement au pouvoir est traversée par deux courants. Pour faire court et en employant des caricatures:

    le premier est la courant Présidentiel, représenté par les Bling Bling et le parisiens, ceux qui typiquement habitent à Neuilly ou autre quartier chic, sont plutôt issus des milieux financiers ou proches d’eux (ex: Woerth d’Andersen Consulting et Luc Chatel de chez L’Oréal-la Cagoule. C’est le parti des cyniques, ceux pour qui « les pauvres coûtent plus cher qu’ils ne rapportent (M.Thatcher). Ils sont proches également des « grands » patrons (ex: Bolloré)

    Le second, c’est le courant girondin représenté par le Premier Ministre, traditionnellement issu d’un terroir (Sablé sur Sarthe et les poulets de Loué pour Mr Fillon), notables locaux, paternalistes, mais conscients que pour qu’une société tienne, il n’est pas bon de cultiver le cynisme et les inégalités monstrueuses. Ils sont représentés par les anciens Gauliistes et le centre droit provincial, par exemple Jean Arthuis, Pierre Méhaignerie, René Couanau, Philippe Seguin. Traditionnellement cultivés, ils cultivent un mépris vis à vis du premier groupe formés de parvenus ou degens en ayant les manières. Les premiers adorent montrer leur roleix, les autres prennent soin de ne pas faire monter la tension sociale en montrant le moins possible de signes extérieurs de richesse. Ils sont proche des patrons de PME (ex: Yvon Gattaz)

    La distance culturelle, et même mentale est telle entre les membres des deux groupes, qu’à ce point là, à part la bienséance des gens bien élevés, on peut se demander comment ils arrivent à se fréquenter. Il faut toute la pourriture de ces systèmes politiques stériles pour que ces groupes se retrouvent à travailler ensemble.

    Et c’est l’explication des tergiversations. Un bout du cheval, ceux qui sont proches ou même mariés ou alliés au grand patronat et à la finance tire vers les points de vues des financiers, tandis que l’autre bout de l’équidé, qui veut préserver le travail et la France des terroirs, tire dans l’autre sens, d’où, sur ces questions, une funeste indécision.

    Le fait qu’en Allemagne il existe le même clivage ne rassure pas . Que les gogos de gauche (qui sont du même parti que les gogos de droite) ne se réjouissent pas. Il existe le même genre de clivage chez eux entre les deux bords inconciliables de la gauche (en gros entre Mélanchon et Strauss-Kahn). La soi-disant « Alternance « politique n’y changera rien. Qu’ils se rappellent simplement que les plus proches conseillers de Bérégovoy étaient Jean-Charles Naouri et Samir Traboulsi. Ceux qui connaissent apprécieront, les autres se renseigneront.

    A ceux qui pensent comme Margaret que « les pauvres coûtent plus cher qu’ils rapportent » les classes moyennes pourraient répliquer: « quand les riches coûtent plus chers qu’ils ne rapportent, il faut s’en débarrasser.  » (entendu en juillet dernier dans la bouche d’un chef d’équipe de Peugeot-Montbéliard)

    1. C’est une sociologie un peu rapide.
      Par exemple dans quel camp classez vous Christine Lagarde anti Blin bling lorsqu’elle proclame « est ce que j’ai une tête à fréquenter Bernard Tapie (Mépris social) et pourtant pur produit des milieux financiers via sa réussite dans un cabinet d’avocats d’affaires de Chicago et ne rechignant pas à protéger puis promouvoir un Stéphane Richard enrichi par différents tripotages dans l’immobilier d’affaires ?

    2. Vous avez raison de vous demander qui ira à CANOSSA ?
      C’était en 1076 un chroniqueur dans le Monde de l’époque (?), le moine Lambert d’Hersfeld écrivait (agence Wikipédia) à propos de ce bras de fer entre pouvoirs laîque et religieux :
      « Les montagnes élevées dont les cimes touchaient les nuages, et par lesquelles passaient le chemin, étaient couvertes de masses de neige et de glace tellement monstrueuses qu’aucun cavalier, aucun homme à pied ne pouvait faire un pas sans danger sur les pentes raides et glissantes… Le roi loua donc quelques personnes qui connaissaient le terrain, des gens du cru, familiers des sommets abrupts, pour marcher devant sa suite sur les rochers escarpés et les immenses névés, et faire tout ce qui était possible pour rendre cet horrible chemin plus facile à parcourir pour ceux qui les suivaient. Ceux-ci avançaient tantôt à quatre pattes, tantôt en s’agrippant aux épaules de leurs guides, parfois le pied de l’un deux dérapait sur le sol verglacé, il tombait en glissant sur une bonne partie de la pente. Cependant, la reine et sa cour furent assises sur des peaux de bœuf et traînées par les guides de montagne. Les chevaux ont pu être, pour une partie d’entre eux, descendus à l’aide de dispositifs spéciaux, tandis que d’autres étaient tirés par les pattes qu’on leur avait attachées. Mais parmi ceux-ci beaucoup succombèrent, beaucoup furent gravement blessés, quelques-uns seulement sortirent indemnes de ce péril ».
      Comparaison n’est pas raison.
      De plus, comme le dit notre excellent chroniqueur du jour, François Leclerc : « Demain sera un autre jour ».

    3. @ rvigo

      J’ai prévenu que c’était caricatural, mais c’est pour expliquer que ces deux tendances existent au sein de ce gouvernement et parfois cohabitent dans la tête de certains de ses membres. Tout est transformation, les choses, les pensées et les hommes ne sont pas figés

      Par ailleurs, Mme Lagarde fait partie des Bling Bling chez qui le mépris tient lieu de culture (à quand le mépris pour eux-mêmes), quant à Monsieur Tapie, il est clairement d’un autre camp: ccelui des voyous (clan politique très présent en Russie). C’est un cran au dessus question mauvais goût tapageur (ou au dessous encore, si c’est possible au niveau morale publique).

      Je suis d’accord, tout cela demanderait à être fouillé, mais deux logiques sociales contradictoires sont bien à l’oeuvre.

    4. je plussoie.

      Concernant Tapie et consorts (car des ‘entrepreneurs politiques’, qui proviennent le plus souvent de la dite ‘société civile’, il y en a d’autres …), il serait nécessaire d’ouvrir la liste aux conseillers de ces politiques, en particulier ceux qui proviennent du monde financier. A l’inverse, je pense que la comparaison d’avec la Russie ne fonctionne pas forcément. L’oligarchie financière n’a pas eu de ‘débouchés’ en politiques et ont connu même de sérieux déboires récemment. Ce fut par contre le cas sous Eltsine. Ce ne l’est plus avec Poutine (reprise en main du pouvoir politique par les appareils de sécurité de l’Etat, notamment FSB). Ainsi, je pense que Tapie n’est qu’une exception dans le monde politique français (parce qu’il a été soutenu par Mitterrand). Tous les autres appartiennent au ‘sérail’, depuis longtemps : ils en partagent les codes et les coutumes.
      Pour Lagarde, c’est au contraire le prototype même du bling-bling, issu des milieux financiers par excellence (plus grand cabinet d’avocat américain). Comme Woerth. Vous avez donc tout à fait raison de l’y inclure.

      Vous citez Bérégovoy. C’est exact. A la différence près de ses origines (très important). Il me semble que c’est justement ses conseillers qui l’ont conduit là où il est allé en termes de directions politiques. Mais la finalité est identique. Aubry et DSK sont d’un autre milieu mais possèdent les mêmes ‘appartenances’.

      Et si vous retracez l’histoire politique sur un long cours, vous serez surpris de retrouver cette même ‘dichotomie’ (sans relever du binaire). Ce fut le cas par exemple au 19ème pour les opportunistes (républicains), dont la plus grande figure est Jules Ferry (qui lança véritablement la colonisation française, en partie soutenu par le monde financier), face aux ‘autres’ républicains et socialistes (notamment Jaurès et Clémenceau, fortement opposé au colonianisme, le premier parce qu’il supputait justement ce soutien des mondes financiers et le second par principes moraux ET républicains).

      On n’invente rien, donc.
      Cordialement.

    5. @ Phil de Saint Naz :
      j’ajoute que l’on devrait aussi intégrer les ‘migrateurs’, ceux qui connaissent des parcours politiques hors normes, passant d’un bord à un autre. Ce fut le cas de Laval, sous la troisième république. Et maintenant de Besson (et dans une moindre mesure de Kouchner), tant il est vrai qu’il n’est qu’un pâle épigone de Laval, qui lui au moins assumait jusqu’à la lie. Ce qu’il était.
      On peut citer aussi Doriot, du PCF ou Darlan, dans une moindre mesure.
      Etrangement, l’inverse est rare (de mémoire, le colonel François de la Roque, des croix de feu au CNR, sans toutefois réellement passer ‘à gauche’). François Mitterand est le plus connu d’entre eux (il participa aux jeunesses des croix de feu d’ailleurs).

    6. C’est la vieille contradiction entre les parvenus et l’establishment si bien décrit par par Monique et Michel Pinçon. Rassurons nous il ne s’agit que de lutte des places et non de lutte des classes. Face à la plèbe tout ce beau monde se montrera solidaire au moment voulu. Il ne faut pas trop compter sur cette micro fissure pour espérer voir l’ordre des choses (la réalité comme dirait Luc Boltanski) exploser.

    7. @Phil de Saint Naz

      caricatures, certes ! mes ces portaits que vous croquez me ravissent tant ils sont pertinents et si ressemblants

    8. @rvigo

      Non ce n’est pas la distinction décrite par les pinçon-Charlot. entre vieille grande bougeoisie et parvenus. Il s’agit plutôt de la dichotomie existante entre
      1 le modèle provincial (médiateurs sociaux provinciaux, patrons de PME, toubibs, professeurs de fac (ex: Georges Freche, Gérard Colomb etc) et autres CCI,
      2 l’ « élite », grande bourgeoisie parisienne.

      Les deux groupes ne se mélangent pas. Les fistons des premiers accèdent parfois par le mariage à la société des seconds, mais rarement, car les us coutumes et codes sont trop contraignants, parfois désuets, souvent insupportables. les revenus des membres des deux groupes n’ont rien à voir.

      Leurs intérêts en terme financiers et en termes de pouvoir sont souvent antagonistes. Ex: Banques versus PME (ce qui donne la constante récrimination des régions contre Paris).

      Je ne suis pas sur que ces deux groupes, en cas de désordre majeur, seraient forcément solidaires les seconds ayant le pouvoir de ruiner les premiers.

      Les patrons Fred Lip de l’entreprise du même nom, ou plus près de chez moi, Jean Réhault à Fougères (grosse usine de godasses), en Ille et Vilaine à la fin des années 70, voient leur entreprise liquidées lors du resserrement monétaire de Barre. Dans ces moments de crise, ces deux patrons, ainsi que leurs cadres d’une manière très affirmée, avaient prennent fait et cause contre l’establishement et occupent leurs usines avec leurs ouvriers.

      Problème: on ne peut faire confiance à la sociologie française pour raisonner sur la problématique de la bourgeoisie, parce que tout simplement, elle ne la connait pas. son orientation résolument marxiste ne lui a pas permis de connaître l’ensemble de ses composantes, et ainsi de se pencher sur la réelle causalité de la pauvreté en France (la très Grande Bourgeoisie).

      Il lui était plus facile, mais parfaitement inefficace de mettre « tous les riches » dans le même sac, et de pondre des kilomètres d’observation sur les RMIstes et les chômeurs, qui ne le sont que parce que cela arrange les intérêts financiers de certains. Du coup, on n’a aucun schéma d’analyse correct, sociologique, voire anthropologique vis à vis des dominants. Comment combattre ce que nous ne connaissons pas ?

    9. La sociologie française n’est pas si amorphe. Lire la revue Savoir Agir n°10 consacré aux « Figures patronales » avec notamment un un entretien avec Michel Offerlé « un patronat entre unité et divisions ».
      Par ailleurs, le marxisme est capable de prendre en compte les contradictions au sein de la bourgeoisie comme il est capable de prendre en compte « les contradictions au sein du peuple ». C’est la vulgate dérivée du marxisme qui n’en est pas capable

  8. Merci pour votre excellent billet M. Leclerc , j’approuve la totalité de votre conclusion.
    Néanmoins, je m’interroge sur les motivations qui ont pu guider les « Politiques Européens » dans la rédaction et l’approbation d’un traité qui interdit à la BCE d’intervenir pour défendre un pays de la zone euro, et qui permet de prêter aux banques privées et pas aux Etats membres , c’est proprement aberrant.

  9. Gros doigts…
    On a vu au cours d’un G7 de fin 2008 de quelle manière Athènes peut réagir…
    Et si les « réformes » se passent mal dans les autres PIIGS ?
    La grèce sera bien un « modèle » social car elle risque de faire exemple et de déclencher les conflits sociaux en cascade dans d’autres pays.
    Le printemps sera-t-il chaud ?
    C’est sur les dégâts et les accidents « révolutionnaires » possibles que doivent se baser les politiques réformateurs-réparateurs.

    1. Méfions-nous quand même des incantations pour des printemps chauds. Pour l’instant le peuple grec n’est pas descendu massivement dans la rue à l’occasion de cette grève générale des fonctionnaires. Peut-être, d’ailleurs, parce qu’il ne croit pas aux déclarations volontaristes des politiciens grecs particulièrement clientélistes et corrompus, et se dit « wait and see »…
      Mais, il faut aussi bien comprendre qu’en période de chômage massif, les gens se répartissent en deux. Ceux qui ont encore un boulot et qui s’écraseront pour le garder à tout prix, du style ne pas se faire remarquer pour ne pas être le prochain à monter dans la prochaine charrette des licenciés, et ceux qui l’ont perdu et qui sont prêts à accepter n’importe quel boulot à n’importe quel prix.
      Il ne faut pas négliger aussi le poids de ceux qui échappent pour l’instant à l’angoisse du chômage, fonctionnaires, inactifs et retraités. Ceux-là, tant que l’on ne touchera pas à leur portefeuille, resteront spectateurs.
      D’une façon plus générale, il n’y a pas (encore) d’alternative politique à cette société droguée à la sur-consommation alimentée par le sur-endettement, version moderne du capitalisme occidental. La cure de désintoxication ne fait que commencer et elle sera longue et douloureuse, car il faut déjà que le malade prenne conscience de son état…
      Enfin, la montée en puissance des pays émergents, historiquement et culturellement différents du modèle occidental, va singulièrement réduire les marges de manoeuvre.
      A mon avis, nous sommes toujours en phase B, démerde et système D pour tout le monde.
      Reste la grande inconnue, la jeunesse. Acceptera-t’elle un avenir complètement bouché à long terme ?

      1. Je ne pense pas que la mayonnaise prendra sur des mesures économiques mais prépareront le terrain pour une erreur d’ordre symbolique qui sera le catalyseur.

      2. Assez d’accord avec vous ,un printemps chaud ne se décrète pas,c’est de l’ordre de l’alchimie obscure.Le plus souvent on subit ,rarement on se révolte.

        1. Salut, Piotr.

          Dans la série des causes qui peuvent avoir des effets, ils ont l’air de bétonner, de l’autre coté de la Mor :

          http://contreinfo.info/breve.php3?id_breve=8618
          « Le projet de budget de l’Etat de New York se traduirait par le licenciement de 19000 fonctionnaires dont 8500 professeurs, 3150 policiers, 1050 pompiers – Mardi, la ville a décidé de fermer 20 écoles, 500 soupes populaires et 15 maisons de retraites (Epoch Times) »
          http://contreinfo.info/breve.php3?id_breve=8661
          « Hyperpuissance : un américain sur huit et un enfant sur cinq dépendent de l’aide alimentaire (USA Today) »

          Entre autres, bien sûr.

          1. 500 soup kitchens will be closed…

            God bless America, my home sweet home,
            God Bless America, land that i love,

            Nous on a les resto du coeur…
            Va falloir délocaliser …

          2. voila ce qu’en dit un trèèèèèèèèèèèssssss grand expert économique. (toujours une crise de rire avec lui) Mr CHEVALLIER.

            Aux USA, plus d’un enfant blanc sur 3 et plus de 9 enfants noirs sur 10 auront eu un jour besoin de l’aide alimentaire pour vivre. En 2008, 28,4 millions d’américain auront eu recours à l’aide alimentaire.
            Heureusement que le bombardier furtif B2 et ce bon vieux Greenspan étaient là car ces millions d’américain qui profitent de la crise pour se mettre au chômage, c’est un véritable scandale. Et voilà pas maintenant que les sénateurs refusent maintenant de diminuer les budgets dits sociaux … un comble. Je propose que les chômeurs se mangent entre eux, ça diminuera leurs nombres et fera économiser sur les budgets dits sociaux.
            Quand on a un marteau dans la tête, on voit tout comme un clou.
            M. Chevallier merci pour votre blog.

            Source : http://www.cbsnews.com/stories/2009/11/03/national/main5504471.shtml
            Un idiot inutile (sauf pour ses 9 employés et ses milliers de clients qui repartent avec un ordinateur réparé).
            Commentaire n°3 posté par RonRon hier à 14h53

            Diable ! L’Amérique est vraiment au fond du gouffre !
            ça me rappelle le début des années 80 : L’Expansion avait publié un article de J Boissonnat prédisant que les Etats-Unis allaient devenir un pays comme les pays sous-développés…
            Réponse de CHEVALLIER hier à 19h21

  10. Et l’édito de l’express ? Même Barbier commence à se poser des questions sur le rôle de la BCE, sur l’interdiction d’entraide entre états, la régulation…

    Bientôt 6000 ?

  11. Ces mêmes dirigeants, qui sont les jouets des marchés,
    et qui mènent, en y adaptant les appareils, les Etats et leurs habitants à la merde sans autre nom
    dans laquelle maintenant tous se trouvent ; à charge pour eux (Etat et société civile),
    de régler les frais des conséquences d’expérimentations financières foireuses et de manipulations
    et interprétations comptables toujours plus lucratives pour toujours un même toujours plus petit cercle méritoire !?

    Et ça pour toujours ?

  12. Bonjour,

    Vraiment, ce nom de PIIGS est profondément déplaisant, humiliant pour les deux parties en présence : les Etats concernés et les cochons !

    1. Dans un monde en crise… ce seront les PIIGS qui tiendront, parce-que ils n’auront pas d’états d’âme illuminé et mangeront n’importe quoi, comme c’est déjà le cas en Espagne qui est capable de ne pas exploser avec presque 20% de chômage.

      L’hiver à l’air de vouloir être dur partout, mais sachez que je m’en fous que le prix du pétrole perfore le plafond… je n’ai eu besoin encore d’allumer le chauffage, un pull me suffit, et je n’ai pas de voiture à faire marcher à 180 sur une autoroute allemande pour aller travailler à 200km de chez moi alors que l’inversion en balayeuses de neige semble toujours insuffisante.

      N’est pas plus riche qui à le plus, mais qui à besoin de moins. Les leviers financiers des prestidigitations créationnistes des anglo-saxons anti PIIGS ne tiendront plus longtemps pour leur donner un corps d’avance dans leur course folle.

    2. Mais PIIGS, est une aubaine pour les speculateurs de tous poil car …
      … TOUT EST BON DANS LE COCHON !
      y’a plus qu’à se goinfrer

  13. Une taxation a 100% sur les produits dérivés des dettes d’Etat serait amusante à observer.

    Une question : J’ai entendu à la radio il y a quelques jours, une personne qui expliquait que les Etats ne peuvent/veulent pas sortir de ce système financier car ils en dépendent eux-mêmes. Une idée sur cette remarque ?

    Peut-être qu’il s’agit d’un amalgame entre finances de l’Etat et finances des hauts fonctionnaires (ça serait énorme, mais en ce moment, plus c’est énorme, mieux ca passe…)

    1. Faut pas oublier que le CA des financiers… cela gonfle le PIB, et qu’il y à des pays qui n’ont guère plus autre chose pour se faire une image internationale.

  14. Quelque soit les avis que l’on puisse avoir sur la personne et les idées, il semble que si nous avions plus de politiques de cette trempe au parlement européen, qui croient vraiment à l’Europe, les prises de conscience et les actions pourraient être plus efficaces ? L’Europe politique semble effectivement endormie dans une lénifiante et paralysante hypocrisie, avec les lobbys de toutes sortes infiltrant et manipulant nos « représentants ». En tout cas, quel punch dans le discours, qui se termine par « L’europe n’est pas à la hauteur de la crise économique (ta gueule ! :-), de la crise écologique, et de la crise financière » http://www.dailymotion.com/video/xc6gj0_cohn-bendit-voit-rouge-au-parlement_news (au sujet de la Grèce : curseur à partir de 2 minutes 30).

  15. Confusion, clusterfuck ( pardon my French ),mouvement brownien des conciliabules selon votre excellente expression, face à ce que N.Ferguson baptise dans le Financial Times comme ‘la géographie fractale de la dette’ dont l’épicentre est maintenant l’Eurozone.

    Déjà en décembre 2009, Moody’s estimait le montant des dettes souveraines existantes à 49,5 trillions de $.Ici les montants évoqués du ‘sauvetage’ sont de 80-100 milliards d’euros, donc les tenants de la ‘propagation’ et des investisseurs spéculateurs ont encore de beaux jours devant eux, sic, face au chateau de cartes.

    Ce que je trouve le plus intéressant,c’est les autres mouvements dans la coulisse, c’est qu’en parralèle des vidéoconférences depuis le siège de la BCE à Francfort et les vidéos-conférences entre ministres des Finances, ait eu lieu hier à l’initiative du chef des euro-socialistes, le Danois Rasmussen, une réunion d’urgence à Bruxelles, en présence de Zapatero, et que peu de médias fassent cas des intentions ou de la volonté de Mr Van Rompuy d’une réelle gouvernance européenne- car quelle diplomatie européenne sans gouvernance ?- qui amènerait peut-etre, étant devenu un europhile pessimiste, une modification du traité de Lisbonne, sous l’égide de deux des trois ‘chefs’ de l’Union Européenne. ‘Alternative reality’, voeux pieux, pour une ‘U.E 2.0’, si les lecons de cette crise sont digérées…

  16. La grèce ruinée comme l’argentine hier.l’argentine cinquième pays le plus riche du monde dans les années trente ruiné par la corruption massive,la prévarication de ses dirigeants,l’inanité du péronisme et les spéculateurs de l’après 1929.Aujourd’hui cure d’austérité(chomage massif et pauvreté galopante,remboursement de la dette avec intérets exorbitants payées rubis sur l’ongle aux banques) pour la grèce.le débat du jour:qui veut présenter la douloureuse?les euroéens préféreraient que ce soit le FMI qui s’en est si bien acquitté jusque là.Le FMI et son présidentiable DSK n’est pas très chaud et veut refiler la patate aux européens.Demain meme punition pour les ibériques que pour l’islande et la grèce en attendant mieux.La finance se fout de savoir qui va l’entretenir jusqu’à l’absurdité:il faut faire dégorger du cash.

  17. « Voilà donc les coupables désignés. Comme toujours, quand le mal est nommé, le remède peut-être administré. Supprimons donc les spéculateurs qui spéculent, et l’euro ira tout de suite mieux. Et nous avec. Pourquoi agissent-ils ainsi? Fondamentalement, parce qu’ils sont méchants. N’oublions pas qu’il s’agit de capitalistes, de gens sans foi ni loi, définition exacte du capitalisme, prêt à vendre leur père, mère, fratrie et cousins pour quelques dollars, ou quelques euros, ou quelques drachmes, enfin pour un peu d’argent. »

    Intellectuellement très limitée, je partage à vous lire le sentiment émis par Jean-Michel Apathie sur son blog. Supprimons vite les spéculateurs et continuons à dépenser, dépenser… Les dettes, pas un problème. La désindustrialisation des pays occidentaux, absolument pas un problème.

    Mais nous qui sommes si vertueux, l’exploitation des salariés asiatiques pour satisfaire nos minables besoins de consommation, ne nous a jamais mis de vague à l’âme. Aujourd’hui, le système ne fonctionne plus. Il nous faut donc trouver des coupables, coupables dont nous avons été les complices lorsque ce système fonctionnait. Ce n’est pas vrai, nous sommes innocents, on peut se regarder dans une glace sans problème…

    1. Si j’ai bien compris les articles précédents sur le High Frequency Trading, les spéculateurs ne connaissent pas d’affects, puisque ce sont des ordinateurs qui interviennent. Le problème c’est celui de leur algorithme. La solution serait peut être de les débrancher ?

    2. Bien sur… stigmatisez le faux coupable, pour mieux appliquer les faux remèdes. Et je pense plus à la Grèce qu’aux spéculateurs. Les coupables, eux, ne spéculent pas… ils utilisent la théorie des jeux pour gagner coup sur coup tout ce qui peut l’être (même s’ils ne contrôlent pas tout la théorie des jeux sert à réduire le pari au minimum indispensable de forme statistique).

      Les coupables sont ceux qui ont vu leur salut à court terme bénéficié en n’ont pas voulu renoncer à foncer droit dans le mur à plus long terme.

      … ceux qui voient le salut dans la compétitivité… quand la compétitivité ne peut se faire qu’en accélérant encore plus vite vers le mur.

  18. ce n ‘est pas parce que l on ne peut pas tout changer d ‘un seul coup qu il faut sans cesse critiquer ce qui peu à pau avance ….vous n ‘êtes jamais content faites donc de la politique concrètement une fois pour esayer , merci

  19. http://economicedge.blogspot.com/

    Hugh Hendry and Joseph Stiglitz on Greece and DEBT…
    Hugh Hendry simply gives a lesson to Joe Stiglitz who proves that he does not understand debt. Hendry suggests that the only way out is through debt default or debt forgiveness. Yes, he is 100% correct, everything else is simply debt shuffling, and yes, that would whack the banks. Just ignore the Spanish Ambassador, he has no clue and a very biased outlook. Stiglitz, however, has no excuse and clearly does not understand debt saturation.

    =========

    Je ne comprends pas tout, sauf que Stiglitz est encore une fois optimiste concernant l’endettement.

    1. J’ai vu cette vidéo, il s’agit d’un débat de la BBC où J.Stiglitz, qui conseille le gouvernement grec, fait face à un gérant de hedge fund britannique. Impasse totale évidemment. Bientot il reviendra parler de comment sauver l’Angleterre….
      Plus intéressant son argumentation sur le meme thème dans « HBO must resist deficit fetish »: http://www.politico.com/news/stories/0210/32748.html

    1. En Italie, Berlusconi finira ENFIN peut-être ses jours derrière les barreaux avec ses amis de cosa nostra.

  20. Un averti de plus à découvrir le voile sur le Casino:
    Laurent Carroué Donne le même diagnostique et la même vision des analyses de la crise que celles qui sont rapportées ici (les marchés à terme, les CDS…), il était ce matin invité de Thierry Garcin sur France Culture. Il commentait l’attaque de l’Euro via la Grèce par les fonds spéculatifs.

  21. @ Wladimir :

    Oui, je pense comme vous, mais il arrive un moment, fatalement, où tout bascule ; ce moment n’est pas encore venu car le gens s’imaginent, globalement, avoir encore beaucoup à perdre. Ce qui est vrai pour les personnes dépendant du système passé (personnes en fin de carrière, retraités, dépendants) mais pas pour celles amenées à vivre dans le futur.
    Nous sommes entre 2 eaux, ou encore à la croisée des chemins entre prospérité passée et pauvreté future (matérielle, avec la disparition de la société de consommation, physique avec la raréfaction des matières premières et fondamentales, et morale car la collectivité ne sait plus comment faire autrement qu’écouter des médiats lénifiants et attendre une amélioration venant de Big Brother).
    Chacun doit prendre conscience que demain sera nécessairement pire qu’hier et réapprendre à vivre, c’est-à-dire à être autonome dans sa tête. Ça prendra sans doute du temps…

    Cordialement

  22. @vb

    Concernant l’appellation en cause , les gentlemen de la Barclays ont reçu une note interne interdisant l’usage de cet acronyme , rappelant , c’est bien normal de la part de ces hardis marins , qu’à propos de la dette nous étions tous dans le même bateau , et que le mépris pour des nations qui vont devoir s’en sortir ne sert les intérêts de personne.

    http://www.bloombergutv.com/news/latest-world-business-news/44339/at-barclays-capital–piigs-won-t-fly.html

  23. On retrouve la carpe et le lapin. Les libéraux pèsent de tout leur ‘poids’ (politique).

    En France, des gens comme Jouyet, Ricol ont compris la situation, en particulier sur le fait que des grandes banques françaises sont pieds et poings liés dans l’affaire et qu’il serait sucidaire de laisser partir à veau l’eau les choses. Ces gens appartiennent peu ou prou au monde des ‘techniciens’, proches de Fillon, en opposition aux ‘financiers’ (Woerth et Lagarde en particulier), véritables petits idéologues libéraux. M. Jorion doit le savoir pour l’avoir approché … 🙂

    1. Jouyet est sans conteste un homme intègre et j’avais un peu suivi son parcours au gouvernement où il a fini par jeter l’éponge, il s’exprimait ce matin ou hier sur les ondes et laissait filtrer les mesures impératives à prendre, il nous rappelait aussi en sa qualité de Président de l’AMF que l’affaire EADS n’était pas close, pas plus que celle de Natixis. M’est revenu à l’esprit la soirée où la décision de l’AMF concernant les délits d’initiés dans l’affaire EADS devait tomber lors ou juste après le Grand Journal de Canal et comme par hasard un des présumés innocents était invité et attendait avec une grande sérénité le verdict.

  24. La stratégie, la voici:

    L’Europe continue d’étendre son contrôle, d’installer des caméras et ses partenariats avec les américains dans des entreprises néocoloniales. Gardons les pauvres, mais à condition qu’ils soient plus pauvres encore. Croissance oblige. Fabrication d’un ennemi intérieur oblige. Mort aux tsigano-terroriste-anarcho-immigrés-autonomes-en burka-assistés…

    Processus de Bologne et Traité de Lisbonne enclenchés. Armez l’économie totale, verte et durable.
    Opération Copenhague réussie. Bien joué les gars, on rentre au bercail.

    
Il n’est pas question de se séparer de qui que ce soit. Bien au contraire. 
Surtout pour une question de pourcentage de dette.
    Evoquer une sécession avec la Grèce c’est faire fit de Chypre, de l’intégration de la Turquie, et donc d’une marche vers l’Iran, partenaire commercial énergétique privilégié de la Chine.

    Prochaine cible verrouillée.

    
La géopolitique appartient à l’inertie d’un complexe militaro-industriel à contre courant du flux fossile d’énergie globalisée ; pas aux réflexes masturbatoires de banksters en complet-veston.

  25. Est-ce qu’une interdiction des paris sur les variations de prix, appliquée aux monnaies, se signifierait pas la fin de l’euro en lui enlevant sa première raison d’être ?

  26. Monsieur Leclerc,

    un jour, auriez-vous l’amabilité de revenir sur ‘les revenus-de-base-nécessaires-aux besoins-fondamenteaux » ?

    Il a été fait allusion brièvement à ce concept précédemment…

    Si les évènements -qui se bousculent- vous en laissent les temps bien sûr…

    Merci

    1. Volontiers, mais allez donc dans l’immédiat à la pêche dans l’inventaire de demain, qui figure dans le bandeau supérieur du blog, vous y trouverez des références à cette approche.

    2. @Laurence: vous avez dit « besoins fondamentaux » ? Par opposition, je présume, à des besoins qui ne le seraient point. Je vois d’ici: disposer d’au moins 1Kcal/jour pour se nourrir: besoin fondamental. Coefficient 1. Consulter le blog de Paul Jorion: besoin pas du tout fondamental. Coefficient 0. Et nous voilà avec un nouveau coefficient sur les bras, le coefficient de « fondamentalité ». C’est pas comme ça qu’on s’en sortira. Nous sommes plongés à 100% dans un monde qui ne connaît que l’utilitarisme, variante lexicale des « besoins fondamentaux/pas fondamentaux », et, comme tout le monde constate, il ne marche pas. Navré.

  27. Bonjour

    J’aimerais savoir pourquoi les marchés rationnels et efficients découvrent que maintenant les problèmes de la Grèce & co? Depuis 10 jours ils sont enragés. Pourquoi les banques paient tous ces analystes financiers? On est déjà en crise depuis plus d’un an, si je ne me trompe, et on savait les déficits depuis l’annonce des plans de relance etc. Ou ça n’a rien avoir avec les marchés? Mais avec quoi?

    1. Mais si ça a à voir avec les marchés! Et avec les analystes, qui élaborent un modèle du plus faible au plus fort, à commencer par le premier. La Grèce paraissant plus malade que le Portugal et l’Espagne, on commence par elle. Si (un très grand SI) les Européens produisent un moyen de défense de la Grèce un tant soit peu convaincant, on fichera la paix à la zone euro… jusqu’au prochain tour de piste. Jusqu’à maintenant les marchés se sont acharnés sur la zone euro, mais ils pourraient tout aussi facilement s’en prendre à la dette souveraine libellée en sterling ou en dollar US, même si cela paraît peu vraisemblable dans l’immédiat car il s’agit de devises qui ont historiquement fait la force du système libéral, et qu’il n’est jamais bon de scier la branche sur laquelle on est assis. Mais des scénarios de dominos chutant les uns après les autres, les analystes passent leur temps à travailler dessus.

  28. Quelle tournure est en train de prendre ce que l’on appelle « la crise grecque », qui est en réalité une crise européenne  ?

    Un groupe restreint composé d’Angela Merkel, Nicolas Sarkozy, Jean-Claude Trichet, Herman Van Rompuy, José Manuel Barroso, Jean-Claude Junker, Luis Rodrigues Zapatero et George Papandréou vient de conclure un accord qui doit être communiqué aux autres chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Bruxelles.

    Il en ressort pour le moment qu’il faudra attendre la réunion de l’Eurogroup (les ministres des finances de la zone euro) de mardi prochain pour connaître les mesures financières qui devraient être prises afin d’aider financièrement le gouvernement grec. Ce qui semblerait montrer que des désaccords sur leurs modalités subsistent, dont la teneur est masquée.

    En attendant, place comme prévu à la politique  ! Une pression maximum est exercée sur les grecs, afin qu’ils aillent au-delà du plan de rigueur qu’ils ont déjà présenté à la Commission, pour lequel ils ont reçu un satisfecit. Alors qu’il est déjà relevé que l’effort de réduction de leur déficit qui leur est demandé d’opérer est gigantesque et sans précédent. Cela montre bien qu’une démonstration est recherchée : celle qu’il faut accepter dans toute l’Europe des plans de rigueur drastiques. Une déclaration espagnole est venu, depuis Madrid, conforter cette perspective ; il est question de ne pas diminuer les salaires des fonctionnaires, « pour le moment ». Le sort peu enviable réservé aux Grecs donnera, selon ces calculs politiques, la possibilité aux autres gouvernements de tenir le langage suivant à leurs ouailles : « regardez à quoi vous échappez et soyez heureux que nous ne vous en demandions pas plus !  ».

    La réaction des marchés, ce monstre tapis finalement bien commode, est-elle une véritable inconnue dans ces conditions  ? Il n’est pas à exclure que de discrètes dispositions aient été prises pour les calmer, en leur demandant de se contenter des prises de bénéfice déjà effectuées. Cela risque, néanmoins, de n’être pour eux que partie remise. Car la crise grecque, c’est la crise de l’Europe.

    1. Hhmm..
      La tactique du « c’est pas moi, c’est l’autre ». Pourquoi pas.

      Mais le peuple d’en bas qui est au chômage s’est bien rendu compte que les politiques (« dirigeants ») n’avaient strictement rien fait contre la finance.
      Déjà que leur crédibilité a volé en éclat avec l’histoire de « la crise est finie »…

      Un avis qui vaut ce qu’il vaut :
      http://contreinfo.info/breve.php3?id_breve=8716
      « Les USA vont connaitre leur crise grecque – la dette US est un refuge aussi « sûr » que l’était Pearl Harbor en 1941 (Nyall Ferguson, FT, reco du jour) »

      Il a de l’humour, le monsieur. Et ça me conforte dans la théorie des dominos. L’Islande et Dubaï étaient des mises-en-bouche.

    2. Comme on pouvait s’y attendre, et la droite suite de votre commentaire, « partie remise ». Poor Europe

      Statement by Herman Van Rompuy, President of the European Council, who chaired the informal meeting with EU Heads of State and Government, in Solvay Library in Brussels on Thursday 11 February 2010 to discuss financial questions and the follow-up to the Copenhagen climate conference.

      http://tvnewsroom.consilium.europa.eu/story/index/story_id/15348/media_id/31981 (111 secondes )

    3. @ F. Leclerc : ce monstre bien tapis dans la commode ou ce monstre bien commode sous le tapis ?

      A priori, pour couler les sous-marins nucléaires de la spéculation financière, on sort l’artillerie et la grosse : le premier ministre grec ‘réfléchit’ (à moins qu’on ne réfléchisse pour lui, on ne sait plus très bien qui est ou pas le premier ministre grec en ce moment, sarkel ou merkzy) à l’augmentation de la TVA …

      « Il n’est pas à exclure que de discrètes dispositions aient été prises pour les calmer, en leur demandant de se contenter des prises de bénéfice déjà effectuées. » : lesquelles, de dispositions selon vous ?

      Si on suit une récente ‘sortie’ d’un analyste de la Société Générale, complètement ‘neutre’, comme de bien entendu, il pourrait être opportun qu’afin de pallier à la fuite des capitaux que connaissent les banques grecques (du fait de la spéculation, engendrée éventuellement par ces mêmes banques), l’Etat grec ne ‘monte’ en capital de ces mêmes banques, afin de ‘consolider’ leurs actifs. Actifs, qui, je le rappelle, ont été très souvent et de manière importante dévalorisés ces derniers temps, aux grands dam des ‘propriétaires’ de ces mêmes banques …
      J’en connais qui vont se frotter les mains : une hausse de la fiscalité indirecte en lieu et place d’une hausse de la fiscalité sur les plus values ou sur les revenus. C’est noël en février !!

    4. Juste une petite précision, au cas où c’est la TVA qui augmenterait :
      http://www.eic.ccip.fr/informations/tva/tva5.htm

      Où l’on constate que les taux de TVA grecs sont égaux voir supérieurs (si réduits) aux taux français.

      On sait ce qui nous attend en France si la Grèce choisit cette option et que la crise devrait (devra ?) continuer …
      Et plus encore pour l’Espagne (!), le Luxembourg (?), le Royaume Uni et Chypre (?) : 15-16%.

    5. idiosyncrasis. fractal geometry of debt.
      oops …

      J’ai transmis une info de bloomberg sur PIMCO et son avertissement sur la Grèce, disant, en substance : look to the west (california).

      Le niveau d’endettement (hors états !!) des USA en dette publique est déjà supérieure à celui de la Grèce.
      Quand les premières ‘vagues’ d’obligation arriveront à ‘maturité’, y que paso por la calle ?

  29. Et si…

    Et si certains gouvernements européens avaient perçu dans cette spéculation sur la dette grecque un moyen brutal, dangereux, et peu évident aux yeux de tous, de réduire rapidement la valeur de l’euro jusqu’à un seuil plus favorable aux échanges. En ne faisant rien dans un premier temps.

    Idée farfelue d’un outsider… Mais à voir la fourberie des marchés, on oublie celle dont peuvent faire tout autant preuve nos gouvernements.

  30. La Grèce , et avec elle L’UE, serait-elle en train de glisser d’un monde à un autre? Soit de celui des pays développés à celui des « en développement ». Et les mesures qu’ON lui impose ne sont-elles pas celles qui attendent à plus ou moins brève échéance d’autres, sinon tous, membres du Club?

    Et puisque me voici tombé sur ce sujet, ces quelques lignes de Chomsky:

    « It’s rather striking to notice that the consensus on how to deal with the crisis in the rich countries is almost the opposite of the consensus on how the poor countries should deal with similar economic crises. So when so-called developing countries have a financial crisis, the IMF rules are: raise interest rates, cut down economic growth, tighten the belt, pay off your debts (to us), privatize, and so on. That’s the opposite of what’s prescribed here. What’s prescribed here is lower interest rates, pour government money into stimulating the economy, nationalize (but don’t use the word), and so on. So yes, there’s one set of rules for the weak and a different set of rules for the powerful. There’s nothing novel about that. »
    in Understanding the crisis, Foreign Policy in Focus, 18 Feb. 2009.

  31. Il serait peut-être temps de se mobiliser pour demander l’abolition de l’article 101 du traité de Lisbone (repris de l’article 104 du traité de Maastricht) interdisant la BCE de financer directement les Etats membres sous prétexte de préserver son indépendance.
    Cette situation qui laisse la porte du poulailler ouverte au renard ne peut que finir dans le sang. Mais peut-être que l’on veut tester la résistance de la poule grecque, en attendant d’appliquer le remède de cheval du bon docteur DSK aux autres poules à plumer, coq gaulois compris!
    J’arrête là la métaphore animale: elle est déjà trop de mise dans cette dramaturgie

  32. @Ph de Saint N
    @Tigue

    ‘Quand on voit tout ce qu’on entend et qu’on dit tout ce qui se lit ici’,
    je ne cesse de m’étonner de vous voir me tomber sur le paletot quand mon désir de voir les choses changer (vos moyens seront les miens) -et prestement- se manifeste ici.

    Il semble pourtant que je sois loin d’être la seule.

    Petite remarque, à titre préventif cette fois ;D

  33. Pauvres Grecs… Les 27 viennent de lui dire « morflez, on vous soutient ! »…
    Ils vont adorer l’Europe-qui-protège !

  34. La déclaration ‘politique » commune: édifiant

    Brussels, 11 February 2010 Statement by the Heads of State or Government of the European Union

    « All euro area members must conduct sound national policies in line with the agreed rules. They have a shared responsibility for the economic and financial stability in the area. In this context, we fully support the efforts of the Greek government and their commitment to do whatever is necessary, including adopting additional measures to ensure that the ambitious targets set in the stability programme for 2010 and the following years are met. We call on the Greek government to implement all these measures in a rigorous and determined manner to effectively
    reduce the budgetary deficit by 4% in 2010.
    We invite the Ecofin Council to adopt at its meeting of the 16th of February the recommendations to Greece based on the Commission’s proposal and the additional measures Greece has announced. The Commission will closely monitor the implementation of the recommendations in liaison with the ECB and will propose needed additional measures, drawing on the expertise of the IMF. A first assessment will be done in March. Euro area Member states will take determined and coordinated action, if needed, to safeguard financial stability in the euro area as a whole. The Greek government has not requested any financial support. »

    1. je suis nul en anglais, mais je crois comprendre qu’on demande au gouvernement Grec d’aller plus loin…c’est bien ça?

    2. @Crapounet La déclaration en francais, qui n’était pas encore disponible hier après-midi:

      Déclaration par les Chefs d’Etat ou de Gouvernement de l’Union européenne

      Tous les membres de la zone euro doivent mener des politiques nationales saines conformes aux
      règles agréées. Ils ont une responsabilité partagée pour la stabilité économique et financière dans la
      zone.
      Dans ce contexte, nous soutenons pleinement les efforts du gouvernement grec et son engagement pris aujourd’hui de prendre toutes les mesures nécessaires, y compris l’adoption de mesures additionnelles, pour garantir que les objectifs ambitieux définis dans le programme de stabilité pour 2010 et les années suivantes soient atteints. Nous appelons le gouvernement à mettre en oeuvre l’ensemble de ces mesures de façon rigoureuse et déterminée afin de réduire effectivement le déficit budgétaire de 4% en 2010.
      Nous invitons le Conseil Ecofin à adopter lors de sa réunion du 16 février les recommandations à la
      Grèce, sur la base de la proposition de la Commission et des mesures additionnelles annoncées par
      la Grèce. La Commission surveillera étroitement la mise en oeuvre de ces recommandations en liaison avec la
      BCE et proposera les mesures additionnelles nécessaires en s’appuyant sur l’expertise technique du FMI. Une première évaluation sera faite en mars.
      Les Etats membres de la zone euro prendront des mesures déterminées et coordonnées, si nécessaire, pour préserver la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble. Le gouvernement grec n’a demandé aucun soutien financier.

  35. Talleyrand : »Vous savez ce que c’est qu’un mécontent Fouché ? C’est un pauvre qui réfléchit… »

    Fouché : « Une bonne police est là pour l’empêcher de réfléchir. »

    Talleyrand : « Sur ce point, je vous suis ».

    « Le Souper. Edouard Molinaro .Décembre 92

  36. l’ article du monde cité par Nico 9h01 se termine ainsi : Puisse la crise de l’euro provoquer le sursaut politique nécessaire pour mener à bien ce salutaire chantier.
    Pas à attendre de sursaut des gouvernements en Europe! mais seulement des manoeuvres pour limiter la perspective de grognes sociales tout en changeant le moins possible le système financier qui a conduit à ce désastre car ils en sont les souteneurs.

    Si nous attendons un mouvement qui ait du poids pour contraindre ces mêmes gouvernements, il faudrait commencer par le penser de façon radicalement efficace; ce qui veut dire : pragmatique.
    Peut-on parier sur une mobilisation fondée sur un changement de société, de paradigme, aussi juste soit-il pour que qque chose remue 3 millions de personnes en France ? non, 100 fois non.
    Faire preuve de pragmatisme signifie à mon sens : quels leviers seraient à activer, et comment, pour parvenir à un signal assez puissant adressés aux gouvernements et aux politiciens du CE, et ce, dans les meilleurs délais. Ceci suppose une stratégie, du temps, des intelligences en action concertée. Si on s’y met, ensemble, ça peut bouger.
    On y parviendra d’autant plus que les messages seront à visée de court terme : énoncer 3 ou 4 exigences pour réduire la nuisance des spéculateurs et seigneurs de la finance (voir les propositions de Paul J), assorties d’exigence de contrôle de commissions parlementaires constituées pour ces objectifs.
    Y parvenir comment : par exemple, en fédérant les grands acteurs de la société civile, des mouvements de l’économie solidaire, et d’ autres (WWF, CCFD, etc etc, ils sont nombreux) et en y associant des intellectuels, (tels que notre cher Paul, des économistes comme Alglietta, d’ autres encore, Edgard Morin etc ..). Un vrai travail d’approche est nécessaire pour constituer un ensemble en Coordination suffisamment large autour de la mise en perspective du Bien commun avec toutes ses facettes.
    Et cette vaste coordination pourra avoir une audiance de poids dans les grands média, et pourrait donner un signal d’action démonstrative accessible au plus grand nombre, au moins 3 millions de gens.
    J’espère vos commentaires, et aussi mieux m’expliquer sur cette approche.

  37. « Que le sort de chaque pays, aussi, était lié à celui de ses banques et réciproquement. Celles-ci étant gavées de titres de la dette publique achetés avec les liquidités de la banque centrale et risquant gros si elles venaient à perdre leur valeur. » : mais par ailleurs, d’après ce que j’ai compris, la banque centrale n’a plus le droit d’acheter de la dette publique. J’ai rien compris, là, où est-ce que ces deux phrases résument bien l’hypocrisie du clivage public/privé ? On devrait décréter qu’à partir d’un certain chiffre d’affaire, toute entreprise, financière ou non, (y compris les banques centrales et les « holdings »), doit être nationalisée. Ca limerait les dents de plus d’un spéculateur, et ça donnerait une définition claire et précise de ce qui est public/privé.

  38. Qui peut expliquer au naif que je suis à quoi peut bien servir la  »rigueur »??Si ce n’est à réduire salaires,pensions,allocations…augmenter les taxes etc..donc il ne peut s’en suivre qu’une autre plus importante chute de la consommation,donc une nouvelle récession,donc en conséquence une nouvelle hausse de la dette etc etc ..ou est la logique ?Empirer la situation ne sert à rien non ??Que vont bien pouvoir encore acheter les grecs alors qu’ils sont deja pas tous bien riches ??

  39. La spécialité des grecs, c’est le sirtaki; ils dansent, boivent et ne font pas grand-chose. L’implosion de l’Europe est pour bientôt. Le retour du franc permettra la liquidation de la Vème, ainsi que d’une bonne partie de la classe politique qui gouverne; elle obligera à la fin du statut de la fonction publique française, dont le coût par rapport à une prestation normale de marché, est infiniment supérieure à la masse des dividendes distribués par le système capitaliste ; qu’est-ce donc qu’un travail « socialement » utile. Voilà une question quil faut poser à nos grecs français, c’est à dire à nos fonctionnaires.

    1. Votre vision des grecs et des fonctionnaires est lourde de tout un racisme social dont l’irrationalité ne peut être discutée dans un débat. J’observe qu’il converge avec une vision enchantée de ce que sont « les prestations normales de marché « dont les effets de nuisance ne se limitent hélas pas à la distribution de dividendes comme on peut l’observer actuellement.

    1. Certainement : j’ai parlé pour la première fois de cette catastrophe à venir, le… 24 mars 2007. Et dans ma chronique du Monde en date du 29 juin de l’année dernière, j’écrivais :

      Les nuages continuent en effet de s’amonceler : dans le secteur de l’immobilier résidentiel américain, les retards de paiement actuels promettent dans les années à venir des pertes de cinq à six fois plus importantes que celles essuyées lors de l’écroulement du secteur subprime et un volume de pertes comparable est en préparation pour les cartes de crédit et l’immobilier commercial.

    2. Oui, j’avais lu quelque part, mais pas dans les articles que vous citez (car fainéant suis-je et point ai-je regardé dans la ‘malle’), dans un article plus récent, où vous citiez (encore, donc) ce phénomène. Ne me demandez pas où.

      Ce qui me surprend, pour quelqu’un d’aussi béotien comme moi qui n’y comprend goute, c’est qu’effectivement tout y est, et ce dès 2007 : entre Q3 2006 et Q3 2007, presque un doublement du volume de ‘défauts’.

      Pourtant, on a entendu :
      – ‘la crise est finie’ de Mme Lagarde et consorts dès début 2009,
      – ‘les prix immobiliers en France vont réaugmenter faiblement en 2010 et le secteur redémarrer’ de la FNAIM dès début 2010,
      – ‘l’exposition des banques françaises en Grèce n’est pas un sujet particulier’ de M. Prot, PDG de la BNP et Président de la FBF aujourd’hui (Ce n’est pas un sujet particulier)

      Et on a cependant des statistiques qui prédisent, non, pardon, qui calculent assez précisément les tendances qui seront à l’oeuvre pour Q2 2012, apogé de la vague des CMBS, presque 4 fois plus importante qu’aujourd’hui.
      Soit, un peu plus de deux ans encore à attendre pour que l’on puisse entendre que ‘ça y est, on voit le bout du tunnel de la crise immobilière commerciale’ (par ‘X’, Ministre des finances, en fonction du résultat des élections de 2012).

      Question M. Jorion : il n’y a rien à faire ou faire ne sert à rien ?

  40. Histoire de ne pas trop commenter l’actualité puisque comme beaucoup de vos lecteurs , il y a un petit moment que nous étions au courant.

    Résumons rapidement les solutions mises en oeuvre :

    1 sommet pour sauver les banques de la faillite
    1 sommet pour sauver la planète
    1 sommet pour sauver les états de la faillite

    Assommant non ?

    La suite n’est pas très difficile à prévoir…

  41. Commentaire n°4 posté par xox avant-hier à 16h27
    Êtes vous bien conscient de ce que vous écrivez?
    Réduire les budgets sociaux alors que le chômage explose…

    Réponse de CHEVALLIER avant-hier à 19h19
    Les Français ne comprendront jamais rien aux problèmes économiques…
    Pour atteindre la croissance optimale, il faut passer à certains moments par des points bas…

    Tout est dit sur la cuistrerie de cet individu!

  42. « Comment ne pas en tirer la conclusion qui s’impose dans ces conditions ? (…) Quand on cherche à trop démontrer…» justement pour cela ils n’en tirerons pas, ce n’est jamais comme ça vous le savez mieux que moi. On préfère changer d’histoire et ses programmes, tourner le dos, voilà les responsabilités. Avec un esprit malin on pourrait croire que la Grèce devient leur dernier coup possible à jouer, et même si c’était vrai.
    «Nous appelons le gouvernement grec à mettre en œuvre les mesures d’économies budgétaires promises «de façon rigoureuse et déterminée», j’adore, encore ! «Les États de la zone euro prendront des mesures déterminées et coordonnées si nécessaire pour préserver la stabilité financière»… les mots prennent une drôle de gueule à sonner creux. On contrôle le processus !…on étend les mailles du dispositif… A qui se destine le message ? moitié tradeur, moitié électeur ? l’Europe et sa diversité apparaît pourtant sans visage, on sort d’une histoire récente avec dictateurs et nombreux postulants encore, une image-message, un consommateur européen, un agité complexé d’Obama passe, rien, heureusement.
    Rêvent t-ils que leur plan marche, la Grèce brevetée fondation revival ? ne serait-ce pas une sérieuse preuve morale qui apprenne à chacun le vivre Grec, le nouveau savoir vivre… pour la plupart c’est futile, que ça arrive ou pas, leur job est de gérer, d’assurer la maintenance, difficile déjà de s’entendre, et naturellement chacun ses intérêts. Il sont grandement responsables, mais en nombre nous le sommes tout autant. L’intérêt propre et l’intérêt commun voient se modifier leurs positions et c’est bien temps de penser le lien constitutif de l’un et de l’autre. La séparation serait fatale. Mettre un peu d’ordre et d’anarchie, partout, au travail. Financiers et politiques se retrouvent mi scène mi coulisse à quêter une visibilité toute d’image à trop avoir confondus carte et territoires. qui fait quoi et qui est qui, il faut rendre des comptes… on parle dans le « temps » de « l’ébauche d’un «gouvernement économique» de l’UE, pendant que Stiglitz, interrogé par le Guardian, déclare «la seule manière d’affronter les spéculateurs est de «combattre le feu par le feu». Dans le cas grec (et peut-être d’autres à venir), l’Europe devrait ainsi suivre l’exemple de Hongkong pendant la crise asiatique de 1997-1998: «Lorsque la monnaie et la Bourse avaient été attaquées, les autorités avaient cramé les spéculateurs en achetant massivement des actions.». Ce seul coup semble n’avoir pourtant rien de révolutionnaire, une simple fessée, un avertissement… on redoute on ne sait quel papillon.

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